(La version en français suivra)
Life in 2020 feels like being stuck inside of a strange dream. We’ve witnessed the COVID-19 pandemic, racial justice protests, New York Times U.F.O. stories, and even a murder hornet invasion. The wild part is that it’s still only summer.
These are trying times, no doubt about it. And when times get tough, we look for ways to distract ourselves and decompress. The quarantine dumped loads of free time in our laps, and we’ve put it to use. This means more time for reading, hitting the home gym, and perfecting that demanding sourdough recipe. While most of us see reading, working out, and baking as time well-spent, there’s one popular coping mechanism that people tend to look down on: watching movies.
I never thought I would see the day when cinephiles treat watching movies like a waste of time. In recent months, respected critics, movie podcasters, and even “Film Twitter” have shared their mixed feelings about their relationship to movies. Some feel guilty about not using their platform to address “more important issues,” while others say that watching movies doesn’t make the best use of their time. In extreme cases, they suggest that given the state of the world in 2020, movies don’t matter at all.
Of course movies still matter, even as 2020 hammers us with a tsunami of social issues that demand our time and attention. The tumultuous state of society right now does not detract from film’s many benefits. In fact, movies and social reform often work together in a powerful state of symbiosis. Films serve as a call to action by informing moviegoers about critical issues, and provide viewers with the intellectual tools required to carry on the good fight.
Movies challenge us, inspires us, and even reassure us when life looks bleak. That’s why we shouldn’t banish our passion for film to the realm of guilty pleasures – a region in our brain reserved for Candy Crush, McDonald’s fries, and mindless reality TV. Movies aren’t guilty pleasures; they provide pleasure, plain and simple. Even cinema’s ultimate “guilty pleasure,” the “popcorn flick,” have something meaningful to offer if you watch them with an open mind.

A good example of this is Marvel’s sci-fi action-comedy Thor: Ragnarok, which asks viewers to put on their thinking caps. This trippy Disney flick features a Norse god, a space-Hulk, and an alcoholic alien warrior, but pay close attention, and you’ll realize director Taika Waititi’s comic book movie examines deeper themes. Beneath its candy-coloured CGI sheen, Thor: Ragnarok addresses the scourge of colonialism and reveals the price nations pay for sweeping historical atrocities under the rug. How timely is that?
My point is that if you’re willing to engage, even big-budget popcorn flicks provide food for thought. Art-house films get all the praise, but that’s dismissive of all the excellent multi-plex titles that play a critical role in shaping how we view the world. Popular movies challenge our beliefs and broaden our perspective, even if we don’t realize it in the moment.
Legendary film critic Roger Ebert once said, “Movies are the most powerful empathy machine in all the arts.” I’m not about to argue with the legend. Watching a movie lets us see the world through another person’s eyes, which is the closest we get to walking a mile in someone else’s shoes.

It’s one thing to read about the horrors of World War II, but it’s nowhere near as vivid as storming the beaches of Normandy with the soldiers in Saving Private Ryan. Although films are spectacular works of artifice, their ability to provide context to real-world events is second to none. Movies excel at bringing nuance and texture to situations beyond our understanding.
Last spring, as the coronavirus spread across North America, Steven Soderbergh’s 2011 viral outbreak thriller Contagion went viral. Contagion’s appeal is that it presents a viral outbreak’s worst-case-scenario. More importantly, the picture offers stressed-out viewers reassurance in the face of uncertainty. What’s more appealing right now than seeing a team of epidemiologists join forces to eradicate a deadly virus?

Recognizing that movies still matter, the Toronto International Film Festival (TIFF) remains committed to launching its 45th edition on September 10th. Although other major festivals shut down for 2020, TIFF has displayed remarkable resilience in the face of COVID-19. After months of theatre closures, TIFF 45 is set to welcome back moviegoers with open arms.
As one of the few safe spaces available to celebrate movies, this year’s festival promises to put on a spectacular show – not that it needs extra incentive. TIFF has thrived for over four decades because it understands cinema’s greatest appeal. Movies may be make-believe, but the feelings they evoke in us are 100 percent real.
If cinema’s ability to touch our hearts and expand our minds doesn’t matter, what does?
Written for the Academy by Victor Stiff.
De l’importance confirmée du cinéma
La vie en 2020 ressemble à un rêve étrange et sans fin. Nous avons été témoins de la pandémie de COVID-19, des manifestations pour une justice équitable, des histoires d’OVNI dans le New York Times et même d’une invasion de frelons géants. Et nous ne sommes qu’à l’été.
Pas de doute : nous vivons une époque difficile. Et dans de telles circonstances, nous cherchons des sources de détente et de divertissement. L’isolement social s’accompagne d’une manne de temps libre que nous mettons à bon usage. Plus de temps pour lire, s’entraîner à la maison et perfectionner cette recette de pain. Si pour la majorité d’entre nous, la lecture, l’entraînement et la cuisine représentent du temps bien utilisé, il existe un mécanisme d’adaptation populaire sur lequel trop de gens lèvent le nez : regarder des films.
Jamais je n’aurais cru voir le jour où des cinéphiles traiteraient un moment passé avec un bon film comme une perte de temps. Pourtant, au cours des derniers mois, des critiques respectés, des animateurs de balado et même des membres de la communauté du cinéma sur Twitter ont fait part de leurs sentiments mitigés par rapport à leur relation avec le cinéma. Certains se sentent coupables de ne pas profiter de leur plateforme pour aborder des « enjeux plus importants », tandis que d’autres affirment que regarder des films ne semblent pas être le meilleur emploi de leur temps. Dans des cas extrêmes, une poignée d’entre eux estiment que compte tenu de l’état du monde en 2020, le cinéma n’a plus aucune importance.
Bien sûr que le cinéma a toujours son importance, même si 2020 nous assiège tel un tsunami d’enjeux sociaux demandant notre temps et notre attention. Le tumulte ambiant ne diminue en rien les nombreux avantages du cinéma. En fait, le cinéma et la réforme sociale vont souvent de pair dans une symbiose puissante. Les films servent d’appels à l’action en sensibilisant les cinéphiles à des problèmes critiques et en leur fournissant les outils intellectuels requis pour poursuivre le combat.
Le cinéma nous interpelle, nous inspire et parfois nous rassure lorsque la vie semble particulièrement sombre. Voilà pourquoi nous ne devrions pas reléguer notre passion pour le cinéma au royaume des plaisirs coupables – une contrée de notre cerveau réservée à Candy Crush, les frites de McDonald’s et la téléréalité bêtifiante. Les films ne sont pas un plaisir coupable, mais un plaisir tout court. Même les « plaisirs coupables » ultimes que le cinéma a à offrir, les « films bonbons », ont quelque chose à vous offrir si vous les visionnez en gardant l’esprit ouvert.

Un bon exemple? Thor : Ragnarok, la comédie d’action et de science-fiction signée Marvel qui incite les spectateurs à ne pas éteindre leur pensée critique. Cette aventure de Disney met en vedette un dieu nordique, un mastodonte de l’espace et un guerrier extraterrestre alcoolique. Mais si vous prêtez bien attention, vous remarquerez que dans son adaptation de la bande dessinée, le réalisateur Taika Waititi explore des thèmes plus profonds. Sous son fini coloré généré par ordinateur, Thor : Ragnarok aborde les ravages du colonialisme et révèle le prix payé par les nations qui balaient les atrocités du passé sous le tapis. Voilà des thèmes qui tombent à point nommé.
Si vous êtes prêt à vous laisser prendre par le récit, même les superproductions peuvent offrir matière à réflexion. Le cinéma d’art reçoit tous les éloges, mais cette reconnaissance passe sous silence le rôle crucial que les films de multiplex jouent dans notre façon de voir le monde. Les films populaires bousculent nos croyances et élargissent nos points de vue, souvent à notre insu sur le moment.
Roger Ebert, le critique légendaire de films, a déjà affirmé : « Le cinéma est la fabrique d’empathie la plus puissante du milieu des arts. » Je ne contredirai certainement pas cette icône. Visionner un film nous permet d’explorer le monde selon un regard différent, ce qui se rapproche le plus de se glisser dans la peau d’un autre.

C’est une chose de lire sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, mais rien n’égale l’expérience de se plonger dans le débarquement sur la plage de Normandie offerte par Il faut sauver le soldat Ryan. Même si les films sont des œuvres spectaculaires d’artifices, leur capacité à mettre en contexte des événements réels est inégalable. Le cinéma excelle à ajouter nuances et textures à des situations qui dépassent notre entendement.
Au printemps 2020, alors que le coronavirus se propageait en Amérique du Nord, le film à suspense Contagion, réalisé par Steven Soderbergh en 2011, est devenu viral. L’attrait de Contagion est qu’il présente le pire scénario d’une épidémie virale. Plus important encore, le film offre aux spectateurs angoissés un certain réconfort devant l’incertitude. Qu’est-ce qui peut être plus rassurant en ce moment que de voir une équipe d’épidémiologues unir leurs forces afin d’éradiquer un virus mortel?

En reconnaissance de cette importance continue, le Festival international du film de Toronto (TIFF) s’engage à lancer sa 45e édition le 10 septembre. Quoique d’autres festivals majeurs de films ont suspendu leurs activités en 2020, le TIFF a démontré une résilience remarquable malgré la pandémie. Après des mois de fermeture de salles, le TIFF 45 est prêt a accueillir les cinéphiles à bras ouverts.
À titre de l’un des derniers espaces sécuritaires pour célébrer le septième art, le festival de cette année promet une présentation spectaculaire – non pas que le festival nécessite une incitation supplémentaire. Le TIFF se démarque depuis plus de quatre décennies parce que ses organisateurs comprennent le plus grand attrait du cinéma. Les films sont imaginaires, mais ils évoquent en nous des émotions bien réelles.
Si la capacité du cinéma à toucher notre cœur et à frapper notre esprit n’a pas d’importance, rien n’a d’importance.
Écrit pour l’Académie par Victor Stiff.